mardi 24 janvier 2012

Le deuil

Il y a longtemps que je désire écrire ce texte. En fait, je pense à ce texte depuis que Mémoires de Mamange traine dans mes pensées. Parce qu'Alexandra fera toujours partie de ma vie, de ma famille, même si elle est un ange. Je ne vous raconterai pas son histoire, je vais plutôt vous mettre le lien du texte que j'ai écrit sur mon histoire sur le site de "Nos petits anges au paradis"  (http://www.nospetitsangesauparadis.com/t5975-notre-histoire?highlight=notre+hsitoire). Ce texte, ça m'a pris des mois juste être capable d'envisager l'écrire et il a été très difficile pour moi de le faire. Pourtant, ce geste a été libérateur et m'a aidé à avancer dans ce que je vivais. Je vais par contre rectifier quelques fait, puisqu'au moment où j'ai écrit l'histoire de ma fille, il y avait plusieurs choses qu'on ne savait pas. Alexandra avait une jumelle, dont on a découvert l'existence APRÈS sa naissance. C'est d'ailleurs à cause de cette jumelle, que j'ai perdu très tôt dans la grossesse, qu'Alexandra a mis ses ailes (c'est pas directement à cause de la jumelle, mais d'une manipulation médicale faite suite à la fausse couche de la jumelle). Suite à cette explication, beaucoup de diagnostics établis lors de la naissance de ma fille sont tombés à l'eau et on a dû retenter de comprendre ce qui s'est passé avec des faits et non avec ce que la littérature médicale démontre.
Depuis le départ d'Alexandra, j'apprends à vivre avec sa mort à tous les jours qui décident de se lever. Au début, c'était un chagrin immense, une peine plus grande que moi-même que je devais affronter tous les jours où je devais me réveiller pour affronter la vie. Juste respirer était un sport olympique!!! Je ne me voyais pas faire autre chose que dormir et pleurer et Dieu sait que j'aurais aimer mieux dormir tout le temps que d'avoir à me lever le matin pour affronter encore ma peine et mes larmes. Au bout de quelques semaines, même à moi-même, je me tapais sur les nerfs de pleurer autant. Pourtant, je ne savais pas quoi faire d'autres pour calmer mon mal de vivre, mes idées noires. Perdre ma fille, c'était comme si on m'avait arraché le coeur de la poitrine, qu'on l'avait broyé en mille miettes, qu'on me l'avait remis brusquement en plein poitrine et qu'on m'a dit "Vis comme ça". Je ne voyais pas comment faire autrement, je ne me voyais pas comment vivre autrement qu'en pleurant mon désarrois. Je voulais tellement que ma fille revienne dans ma bedaine, que je finisse enfin une grossesse avec un bébé vivant et, pourtant, je savais que c'était totalement impossible et je n'avais pas le choix de vivre avec cette réalité, même si je ne le voulais pas. J'ai donc commencé à m'enfermer sur moi-même, à éloigner les gens d'autour de moi. Autant, moi, qui est une archi-sociable et première à dire à tout le monde que je vais les aider, que là, je ne voulais rien savoir de personne, je ne voulais voir personne et surtout pas le bonheur des autres. Et pourtant... les autres voulaient me voir!!! C'est fascinant de voir que, quand un malheur frappe une famille, on se découvre de la famille lointaine qui vient vous voir au bout de plusieurs années ou des amis qui veulent dont savoir ce qui s'est passé, malgré les 8-10 ans qu'ils n'ont pas été dans votre vie!!! Les gens sont tellement intéressés à entendre les histoires d'horreur que ça leur amène à faire plusieurs bassesses pour savoir!!! Tout ce que je voulais, c'était le silence autour de moi. Je voulais m'enfermer dans ma tête et ne plus en sortir avant que toute cette tornade soit passée..
Puis, il y a eu le déclic... Et c'est mon merveilleux conjoint qui me l'a donné. Une journée de grand désarrois, il s'est fâché. Il est entré dans une telle colère!!! Il était plus qu'écoeuré de me voir pleurer, de me voir appeler ma fille au ciel, de me voir me vautrer comme une pâte molle dans ma tristesse infinie. Il me criait de réagir, que ce n'était pas normal de rester affaisser ainsi devant ce qui se passait, que je me devais de réagir devant les amis qui ne voulaient plus nous voir, devant le téléphone qui n'arrêtait pas de sonner pour moi, devant la vie qui attendait que je me réveille enfin de ma torpeur. Il m'a dit, dans sa colère, que ma fille n'aurait pas voulu que je devienne comme ça, que je n'avais jamais été ainsi pour elle, que j'avais été une mère joyeuse, patiente, aimante et surtout positive malgré les mauvaises nouvelles. Que je devais à ma fille de redevenir ainsi pour les autres enfants à venir, que je n'avais pas le droit de m'enfoncer dans ma peine, qu'elle n'aurait jamais voulu d'une mère comme ça. Ça m'a fait très mal d'entendre ses paroles, mais ce sont ces paroles qui m'ont réveillé. Alors, j'ai décidé de recommencer à vivre.
Comme respirer était déjà difficile, j'ai décidé d'aller chercher de l'aide professionnelle. Avec ma psy, je me suis donnée des petits objectifs pour réussir à faire autre chose que respirer. C'était loin d'être facile. Ça me prenait tout mon reste de vie juste à me lever et sourire aux autres. Je pleurais toujours autant, mais, avec ma psy, j'ai fini par mettre des mots sur ma peine et j'ai réussi à faire quelques pas dans mon deuil. Je pleurais toujours autant, ma peine était toujours plus grande que moi, mais je réussissais à apprendre à vivre avec. Depuis, c'est ce que j'apprends à faire tous les jours.
Près de deux ans plutard, je me suis donnée un seul objectif: faire de la naissance et la mort de ma fille un événement qui m'apporterait du positif. Si possible même, qu'elle m'apporte du positif à tous les jours qui se lèvent et c'est ce que je réalise enfin. Oui, il y a eu des hauts et des bas, vraiment très bas. La première année de deuil a été vraiment quelque chose que je ne souhaite à personne de vivre. D'ailleurs, durant ce temps, je ne voulais pas d'autres enfants. Je trouvais que je n'étais pas juste envers ma fille parce que je ne prenais pas le temps de bien vivre son deuil, ma peine. Je trouvais aussi que j'étais injuste envers ce nouvel enfant parce que je ne l'aurais pas accueilli comme je le voulais, dans la joie et l'amour auquel il avait droit. J'ai donc vécu ma peine et ma colère autant que je le pouvais. J'ai fait énormément de ménage autour de moi, pas juste dans ma vie, mais aussi dans mon entourage. Tous ceux qui ne voulaient pas entendre parler d'Alexandra ont été rayés de ma liste de rappel! Tous ceux qui trouvaient que j'exagérais ma peine, que je pleurais trop ou pour rien ont aussi passé au tordeur. Oui, ça a été difficile, mais j'ai aussi fait des rencontres extraordinaires. Après que j'ai décidé de voler de mes propres ailes, j'ai découvert le site "Nos petits anges au paradis". Là, je pouvais parler de ma fille sans être jugée et en étant épaulée par des mamans qui vivaient la même chose que moi. Plusieurs de ses mamans sont aujourd'hui des copines, des amies que j'adore avec qui je partage mes joies et mes peines. Elles m'ont aidé par leurs témoignages et leur soutient à avancer. J'y ai même trouvé des amies que j'aime plus que tout et qui, depuis, sont bien plus que des mamanges, mais des amies à qui je confie mes secrets. Oui, ma fille a été une tornade dans ma vie, mais elle m'a remise sur le chemin que j'avais besoin de vivre.
Depuis la deuxième année de deuil, les événements sont moins percutants, les pleurs sont moins présents, la vie est plus douce. La peine est toujours plus grande que moi, mais j'ai réussi à l'apprivoiser et j'apprends tous les jours à vivre avec elle. Alexa me manque toujours autant, mais elle est devenue la lumière qui éclaire le chemin de ma vie. J'ai compris qu'elle me manquerait toujours ainsi et que mon deuil serait toujours à travailler au travers des années. J'aurai toujours à apprendre à vivre avec son manque. Je crois que le deuil de ma fille ne se terminera jamais vraiment, mais que le mieux que je puisse faire c'est de vivre avec dans le positivisme.
Avec la nouvelle grossesse, cette nouvelle vie que je protège dans mon ventre, le deuil se poursuit, se transforme même. Je me rends compte que, malgré toute la peine que je peux avoir pour ma fille, la vie a repris son cours normal et je recommence à voir l'espoir. La façon que je vois Alexa est maintenant très différente de ce que c'était au début du deuil. Avec mon objectif de faire de chaque jour quelque chose de positif par rapport à elle, je réussis à entrevoir la vie avec joie et plaisir, chose que je ne pensais plus jamais faire après son décès. Par contre, avec ce nouvel enfant très différent d'Alexandra, je me rend encore plus compte qu'elle ne reviendra jamais et que cet enfant ne sera jamais elle non plus. Il a déjà sa personnalité, une vie différente, dans un temps différent, dans un contexte différent. Oui, c'est bien comme ça, mais c'est une nouvelle réalité à confronter. Je suis contente que ce bébé, garçon ou fille, ne soit pas Alexa, mais, en même temps, c'est difficile de se dire que ma fille ne reviendra jamais vivre avec nous. J'aimerais tellement qu'elle soit avec nous, trottant son 1 1/2 ans, en bavant sur ma bedaine!!! J'aimerais plus que tout qu'elle soit avec nous pour accueillir ce nouveau bébé. Par contre, ce bébé nous apportera beaucoup de joie, une autre joie, une autre vie, d'autres plaisirs. Je suis plus qu'heureuse et prête de l'accueillir avec nous et je vais lui montrer la chance qu'il a d'avoir une soeur-ange qui sera là pour le protéger du haut de son nuage.
Mon deuil suit le cours de la vie, la vie suit son chemin et c'est bien comme ça. Il y aura toujours des hauts et des bas quand je vais me rappeller ma fille au cours des événements de la vie. Alexandra va me manquer à jamais, mais, maintenant, quitte à vivre sans elle, je suis équipée de la plus belle lumière qui éclaire le chemin de ma vie. Maman t'aime ma chérie.

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